musicothérapie

musicothérapie

L'ECOUTE MUSICALE EN MUSICOTHERAPIE

La question du choix et de la sélection des musiques en séances...

l'écoute musicale en musicothérapie: argumentaire de la recherche

L'écoute musicale en musicothérapie : 

                  argumentaire de la recherche

François-Xavier VRAIT

Directeur de l'Institut de Musicothérapie de Nantes                                                         Coordinateur des enseignements, diplôme universitaire de musicothérapie,  faculté de médecine de Nantes, Université-Formation continue

L'histoire de la musicothérapie en France fut marquée dans les années 60-70 par un courant comportementaliste dominant. Probablement d'ailleurs sans que les promoteurs des premières recherches et pratiques à cette période ne l'aient véritablement souhaité, ni que ce soit même une préoccupation de leur part.       Mais plus simplement parce que la méthodologie qui s'est imposée à ce moment-là reposait sur cette simple constatation : un patient triste ou déprimé est plus sensible à de la musique triste, et au contraire, un patient euphorique, hypomane par exemple, réagira plus facilement à une musique entrainante et rapide. Jacqueline Verdeau-Paillès écrivait alors :"Pour que le contact affectif se produise, il faut une résonance entre l'état affectif du sujet et la musique."  Il s'agissait là d'un premier pré-supposé : chaque personne reçoit la musique en rapport avec ce qu'elle vit intérieurement. Cette constatation s'est immédiatement assortie d'un second pré-supposé : chaque extrait musical contient en lui-même un pouvoir particulier, de même que les associations musicales entre elles. Le musicothérapeute doit connaître les divers effets des musiques qu'il fait auditionner. Un fichier est alors constitué, classifiant des interprétations musicales en fonction des effets produits (traités statistiquement).     La méthodologie est donc apparue évidente : donner à écouter une musique à travers laquelle le patient va se retrouver affectivement, puis,  une suite de musiques permettant de modifier cet état affectif.   Ce fut ce que Jacques Jost a appelé la "technique des trois oeuvres" qui est devenue dès lors le prototype de toute musicothérapie.

Depuis lors la pratique clinique a fort heureusement évolué. Les travaux de recherche réalisés par les professionnels, notamment dans le sillage de l'Association Française de Musicothérapie, autour de Edith Lecourt, ont permis une prise de distance considérable avec cette première période.

Nous avons, et notamment à Nantes, délimité très précisément le terrain des "techniques psychomusicales" (utilisation des effets psycho-affectifs et psycho-physiologiques de la musique) et celui de la musicothérapie proprement dit. La place du patient, celle du thérapeute, celle de la musique y sont radicalement différentes. Il ne s'agit plus de se poser la question de savoir "ce que la musique fait au patient"; mais au contraire "ce que le patient fait de la musique" qui lui est donnée à entendre. C'est lui, le patient, qui est le sujet, qui est au centre, qui est le moteur même de son prope soin, dans une expérience musicale proposée dans un cadre thérapeutique. C'est en cela, et à cette condition, que la musicothérapie peut être entendue comme une art-thérapie; c'est aussi en cela qu'elle peut être comprise comme une forme de psychothérapie.

Il n'est donc plus question de connaître, de maitriser, de savoir quel est l'impact, quels sont les effets a priori de telle ou elle musique. Il s'agira davantage de s'interroger avec le patient sur son vécu sonore, sur sa manière de vivre cette musique, sur ce qu'il ressent, sur le sens que cela revêt pour lui dans son histoire, dans ses difficultés, etc. Il s'agira d'utiliser cette expérience musicale partagée comme moyen d'expression, de communication, de structuration identitaire, et d'analyse (nous rejoignons là la défénition de la musicothérapie donnée par Edith Lecourt).

Cependant, ce changement radical de positionnement du thérapeute, centré sur le patient, n'a pas pour autant résolu la question du choix des musiques! Au contraire ! Il était plus simple de se référer à des effets escomptés, à un pouvoir exercé par telle musique, sur le plan physiologique, de la détente corporelle, ou au niveau des sentiments, des affects, des émotions.

Qu'en est-il aujourd'hui, dans la pratique quotidienne des musicothérapeutes? Comment choisissent-ils de faire entendre tel CD, tel extrait musical? qu'est-ce qui guide leur choix? quelles questions se posent-ils au moment de sélectionner une oeuvre? ...

Ce questionnement ne me semble pas vain, ni futile. Il a été relégué depuis quelques années, du fait de la précision conceptuelle au sujet de la musicothérapie, et donc de cette heureuse avancée des pratiques cliniques, centrées aujourd'hui sur le patient.

Ce questionnement peut donc revenir, sereinement, nettoyé et dégagé du soupçon concernant une possible instrumentalisation de la musique à des fins comportementales. Mais il doit revenir, car la question reste posée. Elle se pose chaque jour aux professionnels, et mérite que l'on y réfléchisse ensemble.

MERCI DE VOTRE COLLABORATION.

Très cordialement, et confraternellement,

 François-Xavier Vrait

_______________

Merci de faire vos commentaires, d'apporter votre contribution non pas ci-dessous, mais dans la page du FORUM concernant ce thème.

 

 


07/01/2006
0 Poster un commentaire